Chaque jour, une femme vendeuse de bananes au marché de Mont Bouët, nourrit l’espoir de réaliser un chiffre d’affaires conséquent. Mais elle est constamment harcelée par des policiers qui prétendent vouloir améliorer les conditions de vie sur le marché. Ces hommes, armés jusqu’aux dents, arrivent dans leur imposant camion et extorquent les commerçants.
La femme se rappelle d’un jour où, épuisés par cette situation, les commerçants ont protesté contre ces hommes. Les femmes, en particulier, ont exprimé leur colère en se déshabillant. Cependant, leur protestation a été violemment réprimée et une policière a filmé l’incident et l’a diffusé sur internet, transformant les femmes en objet de moquerie mondiale.
Malgré ces difficultés, la femme continue de travailler sans relâche pour nourrir sa famille et payer la scolarité de ses enfants. Elle espère que ses enfants ne connaîtront pas la même vie qu’elle et qu’ils aideront leur pays à sortir de cinquante ans d’irresponsabilité et d’immaturité.
Extrait :
Dans les bons mois, je peux gagner beaucoup. C’est une réelle joie pour moi lorsque mon chiffre d’affaires atteint ce niveau. À la maison c’est la fête. Avec ma famille, je me fais une gâterie. C’est alors que je cuisine les cotis fumés au nyembwé. J’accompagne ce met de bigwélas. Parfois, je cuisine le sanglier à l’odika ou encore au koumou. Les enfants ont le sourire. C’est pour moi le moment de gloire : lorsque je serre à mes bambins leur vrai repas du mois. Pour le restant du mois, je leur prends un sac de riz de cinquante kilos, un bidon d’huile de cinq litres et de la sardine fumée. Ensuite pour finir le mois, je prends les bons chez le Malien du coin. Ah mes enfants ! Je vends à Mont Bouët pour que dans l’avenir vous ne vivez pas comme moi. Cinquante ans pour rien. Mes enfants, ne gaspillez pas votre vie. Ne touchez pas au Kobolo. Travaillez à l’école. Sortez votre mère de la misère. Sortez votre pays de cinquante ans d’irresponsabilité et d’immaturité.