L’écriture du cheminement intérieur caractérise le style de Brice Levy Koumba Lamby notamment dans « La quête du vêtement adéquat » et « L’homme des traversées », textes parus dans Dialogues et Nouvelles.
Le processus se caractérise par la parenthèse intérieure, une mise entre parenthèse du monde réel et le passage dans une réalité alternative. Le regard est de beaucoup dans la mise en œuvre de ce processus qui permet de changer de perspective et d’échelle. D’où l’importance du regard dans l’écriture de Brice Levy Koumba Lamby. Qui en est la clé. De même que le mouvement. Brice Levy Koumba Lamby, donne au regard qui ouvre la porte des mondes le nom de : Regard scrutateur. Le regard scrutateur. Le nom d’un ancien Cénacle d’étudiants du département des lettres de l’université Omar Bongo option Critique et Théorie littéraires.
La quête du vêtement adéquat
Un homme déçu et aliéné par la société, décide de se retirer de celle-ci pour chercher un sens plus profond à sa vie. Il entreprend un voyage introspectif, symbolisé par une marche constante et une quête de « vêtement adéquat ».
Au cours de son voyage, il fait face à diverses épreuves, notamment la faim, la soif, la solitude et la moquerie des autres. Malgré ces défis, il reste déterminé à suivre son propre chemin, même s’il doit pour cela renoncer à des aspects fondamentaux de l’existence humaine, comme manger et dormir.
L’homme finit par creuser un trou, symbolisant son désir de s’éloigner encore plus de la société et de se rapprocher de son monde intérieur. Cependant, ses efforts sont constamment entravés par les autres, qui le ridiculisent et détruisent son travail.
Finalement, l’homme décide de se crever les yeux, dans un acte de rejet total de la réalité telle qu’elle est présentée par la société. Cet acte extrême ouvre la porte à une réalité alternative, un monde de verdure et de lumière où il est accueilli en tant que prince.
L’homme des traversées
Un personnage solitaire est en quête de bonheur et de sens. Il se trouve dans un désert, symbolisant sa solitude et son désespoir. Il arrive dans une forêt et cherche à atteindre un arbre mystérieux, qui représente son aspiration à l’élévation spirituelle et à la connaissance.
Au cours de son voyage, il rencontre un homme mourant qui lui confie une énigme : « Qu’est-ce qui tous les jours se passe ? ». Cette question le hante et le pousse à poursuivre sa quête de vérité.
Il finit par atteindre l’arbre, qui se révèle être une échelle menant au monde des lettres, symbole de la connaissance et de la sagesse. En grimpant cette échelle, il revit sa vie, de son état embryonnaire à sa naissance, symbolisant une renaissance spirituelle.
Le personnage comprend enfin la réponse à l’énigme : chaque jour, une arrivée et un départ se produisent, symbolisant le cycle de la vie et de la mort, et la perpétuelle évolution de l’existence. Cette prise de conscience marque la fin de sa quête et le début d’une nouvelle phase de son existence.
Dans l’écriture de Brice Levy Koumba Lamby, le monde vert symbolise, le monde intérieur :
« Je regarde le noir. Mes yeux semblent fixer un point déterminé de mon obscurité. C’est peut-être un témoin d’une réalité insoupçonnée. Je porte mon attention dessus. J’intègre un regard scrutateur. Ma nouvelle méthode est de regarder à fond, profondément pour espérer atteindre le dévoilement de ma vérité. Ma douleur s’est apaisée. Je me concentre sur le point lumineux.
Une lueur apparaît, captant mon regard. La lueur grandit et semble se percer en son centre. De là émane une énergie. Cette dernière m’aspire au cœur d’un tunnel qui s’étend à l’infini. Un déchirement se produit. Je vois. Sans mes yeux habituels, je vois. Je suis dans le tunnel. Je me déplace. Je marche ! Et moi qui pensais que je ne marcherais plus… Je marche !
Progressivement, le tunnel s’éclaircit. Une lumière vient de loin. Elle attire mon attention. Je continue ma progression. Me voilà à présent au bout du tunnel qui ressemble à l’entrée d’un monde. Devant moi, il fait jour. Une verdure d’une majestueuse beauté s’étale à perte de vue. J’entame ma marche sur cette herbe fraîche et accueillante. Une joie indescriptible m’envahit.
J’explore ce nouveau monde. Ici règne une mélodie sans fin. Elle survole l’espace, agrémente ma marche, me pénètre et m’enivre. Autour de moi, toujours cette verdure. Tiens… J’aperçois une femme. Elle est entourée d’un halo de lumière. J’entreprends de la rattraper. Car j’ai besoin d’un guide. Étrange ! Malgré que je cours dans sa direction, je demeure comme statique. Il y a une distance irréductible entre la femme et moi. Je triple ma vitesse. Rien. Ah ! La femme a disparu. Je ne la vois plus » (Extrait de : La quête du vêtement adéquat).
« Arbre, je te fais une confidence : je suis l’œuvre à venir. Je marche pour me constituer en œuvre. Mais comment faire œuvre si je n’atteins pas lettres ? Et toi arbre qui es-tu ?
- Pauvre homme. Tu es venu à moi et tu as su comment me rencontrer. J’ai une particularité : celle qui m’éloigne de ceux qui désirent m’aborder. Je suis celui qu’on ne peut voir que de loin. Me toucher est une chose impossible. Me vouloir, c’est m’éloigner. Je suis l’arbre mouvant. Arbre sans origine ni but, n’ayant ni commencement ni fin. Je suis le toujours cherché jamais manifesté. Me voir me conserve dans mon voilement. Me toucher et me monter, c’est bénéficier du corps à corps révélateurs des énigmes. Pauvre homme. Voici depuis toujours que je siège dans cette forêt. Aucun homme ne m’a trouvé. Et pourtant la tâche de l’homme est de me chercher et de me trouver. Je suis l’arbre à partir duquel l’homme accède à son humanité. En ne me voulant pas, tu m’as trouvé. Et je suis venu à toi. Maintenant tu peux t’élever vers les lettres. Sache où passer sur la frontière des deux chemins. Adosse-toi à mon tronc et attends. Sache-le, une arrivée et un départ, voilà qui tous les jours se passe. L’homme adossé à l’arbre que tu as croisé en chemin cherchait l’énigme de la vie. Chaque jour, la vie donne et reprend. Un homme arrive à l’existence, un autre s’en va. Telle est le cycle quotidien de la vie. Qu’est-ce qui, tous les jours, se passe ? Une arrivée et un départ. L’homme adossé sur l’arbre qui t’a transmis l’énigme, ce n’était que toi-même. Tu peux maintenant retourner dans ton monde. Le monde des vivants ». (Extrait de L’homme des traversées).