François-Xavier Verschave, De la Françafrique à la Mafiafrique, 2004.
1. L’aide publique au développement n’arrive pas à destination et n’atteint pas son but : sortir les gens de la faim et de l’extrême misère.
2. Dans cette affaire on se rend compte que la corruption est centrale et que personne ne veut que les lignes bougent.
3. Derrière la relation franco-africaine il y a une criminalité économique incroyable doublée d’une criminalité politique inimaginable.
4. La Françafrique, politique franco-africaine depuis les indépendances, est politiquement nocive.
5. On est passé de la Françafrique à la mafiafrique, c’est-à-dire à la mondialisation de la criminalité financière qui depuis les indépendances lie la France à l’Afrique.
6. La Françafrique est le domaine réservé de l’Elysée. Un domaine quasi-militaire géré sous le mode de la désinformation/non-information.
7. C’est une association entre des Français et des Africains au cœur d’un système de domination et de pillage.
8. Elle est née de la volonté de De Gaulle qui face au mouvement de l’histoire tendant à la résistance et à la libération, décide officiellement d’accorder l’indépendance aux anciennes colonies. Puis il charge Jacques Foccart et les Services secrets, de les maintenir sous dépendance de manière occulte avec la complicité d’alliés africains.
9. Cette dépendance de l’Afrique francophone, aux yeux de De Gaulle, est indispensable à l’indépendance de la France : le rang de la France à l’ONU, l’accès aux matières premières stratégiques (pétrole, uranium), le financement de la vie politique française ( à travers l’aide au développement et la vente des matières premières) et l’alignement de l’Afrique francophone dans le camp anticommuniste durant la guerre froide.
10. Comment s’y est-on pris ?
11. 1°: Sélection de chefs d’Etat dits amis de la France (gouverneurs de territoire français, membres des services secrets de la France). 2°: Destruction sanglante des velléité d’indépendance (400 000 morts au Cameroun entre 1957 et 1970). 3°: Recours à l’assassinat politique des représentants de leur peuple (Sylvanus Olympio au Togo, Barthélémy Boganda en Centrafrique…). 4° : Recours à la fraude électorale par la mise à l’écart des candidats dévoués à leur peuple à la faveur des candidats dévoués à la cause française. Avec pour mot d’ordre ; « Servez-vous dans les caisses publiques, confondez l’argent public et l’argent privé ! ». « Mais laissez vos pays sous l’orbite française ».. 5°: le contrôle du pré-carré par le franc des colonies française d’Afrique permettant l’évasion des capitaux des pays africains vers la France et les prêts par la France aux pays africains amenés à rembourser leur propre argent. 6° : la constitution des caisses noires. 7°: la création d’Elf pour le financement d’entreprises écrans de fumée, des guerres (le Congo-Brazzaville, le Biafra..) et des coups d’Etat. 8°: la triple facturation des missions de coopération. 9°: la dette ( le prêt sur gage : le pétrole qui sera produit dans un, deux, trois… dix ans. Ce qui donne des dettes trois fois supérieures à la production pétrolière annuelle :+1-3). 10 °: l’utilisation de la politique du bouc-émissaire (si les choses ne marchent pas c’est la faute à l’ethnie telle…), l’éventail de la guerre en cas de changement et l’assurance de la paix en cas de maintien du statut-quo (les guerres du Rwanda et de Côte-d’Ivoire sont consécutives à de tels discours). 11°: la criminalité politique de masse lors des crises post-électorales et le fait de dresser les uns contre les autres. 12°: Mise en place de systèmes de centralisation des élections spéciaux par des observateurs internationaux du réseau. Alors que le peuple vote à 70-80% pour chasser le dictateur, il se retrouve à la fin avec un dictateur réélu et légitimé démocratiquement à 80% de voix. Chaque fois, à tous les coups, depuis 1991, avec le même système, le même discours, au Togo, au Gabon, au Cameroun, au Congo-Brazzaville… Seule la pauvreté des pays met à l’abri de ce schéma (Mali, Niger…) ou la vigilance, la fermeté et le caractère éclairé du peuple (Sénégal, Madagascar…).
12. Les mécanismes de la Françafrique touchent tous les domaines : politique, économique, financier, policier, militaire…
13. A côté de chacun des chefs d’Etat des pays africains francophones on a mis un officier des services secrets français chargé de le protéger ou de… en cas d’indocilité. Le cas de Bob Denard aux Comores.
14. Dans la Françafrique, ce qui est dit dois être compris dans le sens contraire de ce qui est dit.
15. Une des conséquences de la Françafrique est la transformation des services publics en self-service public. Le mouton qui broute là où il est attaché. Avec une dégradation des services de santé et d’éducation.
16. On comprend que le souci des chefs d’Etats africains francophones n’est guère le développement. Car l’émergence d’acteurs économiques et d’entrepreneurs va compromettre le système de prédation. Aussi il est souhaité d’éviter le développement afin de maintenir le monde sous la dépendance au pouvoir. Le dictateur ne veut pas d’un développement économique qui contesterait son pouvoir et la privatisation du bien public. Ne sont tolérés que des entrepreneurs assujettis vulnérables à des accusations de détournement.
17. La Françafrique est composé :
- des réseaux politico-affairistes ( dont le réseau Foccart-De Gaulle).
- des réseaux d’entreprises. Ils font la politique des pays tels que le Gabon, le Congo-Brazzaville, la Côte-d’Ivoire (Elf, Bouygues, Bolloré, Castel…).
- des réseaux militaires (l’armée française fait la politique de la France au Tchad ou à Djibouti)…
- des réseaux des services secrets. Ils contrôlent chaque président et coopèrent avec la police politique (Gabon, Burkina…).
- des réseaux d’initiés : les francs-maçons ( La Grande Loge Nationale Française à laquelle appartient tous les chefs d’Etat africains, les services secrets, les généraux), les Rose-Croix…
- des réseaux du Trésor public français ( ils appliquent à l’Afrique les politiques de la Banque Mondiale).
- des réseaux de la mafia corse…