Le témoignage intégral est une notion qui définit de manière authentique qu’un événement de type catastrophique a bel et bien eu lieu. En faisant disparaître les corps, on pense effacer les preuves. Mais on établit là l’acte de témoignage par excellence. En effet, il n’y a pas meilleur témoignage que la disparition même. En ce que « le témoignage ultime est la disparition » (Coquio, 2003: 350). On pense faire disparaître les corps de sorte à dissimuler la violence. La disparition des corps vise à discréditer le témoignage des victimes. Parce qu’il n’y a pas de corps, il n’y a pas atteinte à la vie. Du coup, l’événement catastrophique n’a pas eu lieu. Pourtant, la disparition le révèle de façon absolue. La disparition est le témoignage même, le témoignage dans sa manifestation intégrale. Elle authentifie le discours des victimes qui disent qu’il y a eu crime. La disparition des corps a certainement pour fonction la négation de la violence totalitaire. Ce faisant, cette disparition est la révélation même de cela que l’on veut nier, effacer.