« Et il est bien vrai que cette production poétique libératrice d’énergies a souvent valeur de symptôme, de signe avant-coureur de l’effondrement d’un régime dont on ne s’aperçoit pas encore qu’il ne tient qu’à un fil ».
Berrada, Mohamed, Sonia Dayan-Herzbrun, et Nicole Gabriel. « Présentation », Tumultes, vol. 19, no. 2, 2002, pp. 5-7.
La table
C’est nous qui la ferons
Taillée à notre mesure
Chacun aura sa place c’est sûr
Pour l’instant nous souffrons encore
De n’avoir pas été convié
Au festin de la vie, tout pris, réservé
Nous sommes les oubliés, ceux qui viennent
Grignotent les miettes d’un gâteau
Où tout le monde aurait
Normalement eu sa part
Appelés à manger les restes
On doit se les partager
Si l’on veut se maintenir
Espérer le changement
Et l’avènement du banquet plein de copiosité
Où chacun aura le sourire
Non pas celui de la résignation
Mais celui de la gaieté dans la satiété
A notre honneur la fête sera célébrée
Le vin coulera à flot
Parce que notre sang, il aura coulé à flot
Nourriture, sacrifice qui entretient
L’espoir d’un monde meilleur