En novembre 2019 paraît La liberté est têtue. Ouvrage né de la plume d’écrivains gabonais dénommés Losyndicat, un collectif qui se veut être un syndicat d’écrivains. La liberté est têtue est présenté comme étant un manifeste politique, « un véritable manifeste de la désobéissance civile » (Pambo, 2019).
La liberté selon Losyndicat, demeure un besoin vital qui ne saurait être étouffé ad vitam aeternam (Nanda, 2019). Elle est « la condition sine qua non pour prétendre au bonheur » (Essouma, 2019). C’est pourquoi l’élan vital pousse à la conquérir avec entêtement. L’entêtement réfère à la résilience des peuples dans l’oppression. « Les peuples quels qu’ils soient, où qu’ils soient, sont résilients. Tôt ou tard ils trouvent en eux-même les ressources nécessaires à leurs libérations » (Essouma, 2019). La liberté à conquérir équivaut au pouvoir comme but de l’agir politique. La dimension têtue correspond quant à elle à la résistance acceptée en tant que force morale organisatrice.
La liberté est têtue, texte appartenant au genre littéraire qu’est le manifeste, entend pleinement remplir les fonctions de celui-ci à savoir :
1. Poser les fondements d’une nouvelle forme politique et littéraire.
2. Inventer une nouvelle forme d’action.
3. Inscrire dans l’histoire une force de rupture qui ouvre l’horizon d’une autre histoire.
4. Réaliser dans la langue ce que l’on annonce à venir.
« La pratique du manifeste évoque l’idée d’une action inaugurale. Une manière de poser, de fonder, de produire du discours et des pratiques, qui permette à son tour une certaine forme de reproduction politique. Le manifeste est un geste public qui viendrait inscrire une sorte de sillage, qui lancerait une trajectoire pour orienter la réflexion dans la difficile question politique de la communauté » (Haraway, 2013)
Aussi, le recueil La liberté est têtue se veut-il un programme politique et esthétique (« la tâche de notre génération ») dont les principales actions se déclinent ainsi :
1. Se réapproprier la parole.
2. Conquérir la liberté par l’entêtement.
3. Sortir du cadre de la neutralité.
4. Passer à la désobéissance civile active.
5. Changer les mentalités citoyennes.
6. Conduire inévitablement les choses vers une révolution.
7. Coaliser les forces.
8. Veiller sur les acquis en terme de liberté.
9. Célébrer les prédécesseurs.
10. Instituer une pédagogie de la résistance.
11. Accélérer l’obsolescence programmée du système dictatorial.
12. Se politiser.
13. Faire éclore la liberté, chacun à travers son métier et son art.
Avec pour mot d’ordre : « Gabonais de tous pays, politisons-nous »! (Bounguili, 2019).
Références
Bounguili, Le presque Grand et al., La liberté est têtue, Losyndicat, 2019, 168 pages.
Indermuhle, Christian. « Manifestes cybernétiques. Donna Haraway, les cyborgs et les espèces de compagnie », Lignes, vol. 40, no. 1, 2013, pp. 116-132.