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Finançons la réussite de nos enfants

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La bourse est un don de l’Etat gabonais en l’endroit de ses élèves et étudiants. Depuis le 29 mars 2019 un projet de décret vise à modifier les conditions d’attribution de la bourse d’étude. Désormais, l’Etat gabonais préconise trois types de prestations financières visant à soutenir les élèves et les étudiants durant leurs parcours scolaires et universitaires :

- La bourse.

- L’allocation.

- Le prêt étudiant.

La bourse selon le communiqué final du conseil de ministre du 29 mars 2019, est une prise en charge intégrale de l’étudiant méritant par l’Etat. L’allocation quand à elle, est une prise en charge partielle (l’étudiant finance partiellement ses études par ses propres moyens) accordée au mérite aux étudiants dépassant les conditions d’âge. Le prêt étudiant est une aide financière de cinq ans remboursable garantie conjointement par l’Etat et par la famille.

Le gouvernement gabonais entend par mérite l’obtention d’une moyenne supérieure ou égale à 12 obtenue à l’examen du baccalauréat ou à un diplôme équivalent. La condition d’âge à remplir : avoir 19 ans tout au plus l’année de la demande de la bourse.

Cette évolution des conditions d’attribution des bourses repose sur une modification du décret 404 du 26 septembre 2012 et vise à adapter les conditions d’attribution des bourses aux évolutions économiques actuelles. De plus, elle intervient consécutivement au constat qu’à travers l’octroi des bourses, l’Etat au Gabon aurait financé l’absentéisme et l’échec pendant longtemps.

 Le décret 404 du 26 septembre 2012 

Le décret 404 du 26 septembre 2012 définit la bourse ainsi :

La bourse d’étude est un ensemble de moyens matériels et financiers alloués pour la formation et le soutien des élèves et des étudiants gabonais. Elle est accordée en fonction des orientations du pays en matière de développement et en fonction des aptitudes des candidats.  Ces derniers pour prétendre à la bourse d’étude doivent obtenir le baccalauréat et étudier régulièrement jusqu’à obtention du diplôme.

Il existe plusieurs catégories de bourse  :

- Catégorie A . Concerne les élèves du sécondaire.

- Catégorie B. Allouée aux élèves des écoles spécialisées.

- Catégorie C . Accordée aux étudiants du premier cycle.

- Catégorie D. Octroyée aux étudiants du second cycle.

- Catégorie E . Attribuée aux étudiants du troisième cycle.

- Catégorie F : Bourse du mérite accordée aux élèves ayant obtenus 13/20 au bac. Aux étudiants ayant obtenus 13/20 et 14/20 en licence et en master.

- Catégorie G : Bourse de l’excellence accordée aux élèves ayant obtenus 15/20 au bac et  16/20 aux étudiants en fin de premier et second cycles.

A quelle catégorie correspond le projet de décret adopté au conseil de ministre du 29 mars 2019 visant l’allocation des bourses aux étudiants selon le mérite ? A moins de vouloir défoncer une porte ouverte avec cette impression de déjà là dans ce qui est projeté.

Situation économique

Le ministère de l’enseignement supérieur motive son projet sur une modification du décret 404 et sur la situation économique du  pays. D’après la Banque mondiale, cette situation correspond à ce qui suit :

- Confrontées au déclin des réserves pétrolières, les autorités ont décidé d’axer leur nouvelle stratégie sur la diversification économique.

- La situation budgétaire du Gabon s’est détériorée depuis 2015.

- Les efforts du gouvernement pour juguler les dépenses et compenser le déclin des recettes pétrolières ne sont pas parvenus à relancer l’économie.

- Le Gabon connaît un développement limité des secteurs secondaire et tertiaire.

- Le gouvernement a prolongé le gel des recrutements pour encore trois ans (hors secteurs sociaux).

- 30% de la population vit avec moins de 80 000 francs cfa (122€) mensuels.

En quoi les nouvelles modalités d’allocation des bourses au mérite s’adaptent aux évolutions économiques actuelles ?

- Est-ce-à-dire que parce que l’on veut diversifier l’économie il faur accorder les bourses au mérite ?

-Est-ce -à- dire que parce que la situation financière s’est détériorée depuis 2015 qu’il faille attribuer les bourses au mérite ?

- Est-ce-à-dire que parce que le gouvernement a échoué à relancer l’économie qu’il faille accorder les bourses d’étude au mérite?

- Est-ce-à-dire que parce que le Gabon connait un développement limité des secteurs secondaire et tertiaire qu’il faille allouer les bourses suivant les conditions préconisées au projet de décret de mars 2019 ?

- Est-ce-à-dire que parce que le gouvernement gèle pour trois ans encore les recrutements qu’il revoit le mode d’attribution des bourses ?

- Est-ce-à-dire que parce que 30% des Gabonais vivent avec moins de 80 000 francs Cfa le mois que l’on recherche le mérite ?

Le financement de l’absentéisme et de l’échec

La plupart des élèves et étudiants gabonais, pour ne pas dire l’ensemble, ont bénéficié de la bourse d’étude octroyée par l’Etat du Gabon à sa jeunesse scolaire, universitaire et même stagiaire. Ah! la bourse A. Celle-là même qui rendait fièr un élève de 6è, poussait à l’émulation et donnait un sens aux études… A moins de se voir dans un miroir, les propos du ministre de l’enseignement supérieur étonnent lorsqu’il dit qu’à travers la bourse l’Etat gabonais a financé l’absentéisme et l’échec. En tout cas… S’il y a un mérite à accorder à l’Etat du Gabon, c’est celui de la mise en oeuvre de son programme de bourses scolaires et universitaires qui répond réellement à une politique d’égalité de chance et de redistribution de ressources.

Le Gabon a-t-il financé l’échec ? Peut-être celui de son gouvernement qui peine à proposer des solutions d’épanouissement à son peuple. Toucher à la bourse des élèves et des étudiants ne resolvera aucun problème dans un pays au gouvernement pléthorique où l’on détourne  jusqu’à la moitié du budget annuel de l’Etat. Et envoyer des policiers sur un pick up bombarder les élèves, sans qu’on ne sache vraiment si on a affaire à des policiers ou pas, ne réglera rien. Du tout, du tout… Alors que l’on arrêtte de tirer sur les élèves, le capital humain, la véritable richesse d’un pays en mal de diversification économique. Car cette diversification viendra, bien exploitée, de la matière grise de ces derniers.

A moins que l’on ne connaisse pas vraiment au Gabon la signification de ce qu’être élève ou étudiant veut dire : le capital humain source de savoir et de richessse. En suivant le regard, on arrive en Corée du Sud. Un pays dont l’économie est grandement basée sur la matière grise de ses fils véritables matière première renouvelable et inépuisable.

Au lieu de faire l’éloge du détournement budgétaire, de la violence inutile, du gouvernement par décret juste pour bomber inutilement le torse, le gouvernement gabonais a à miser sur sa jeunesse. Et même s’il faut affecter l’ensemble de son budget à la formation, à l’éducation et à l’enseignement, ce sera la seule chose de censée pour un gouvernement dans un cul de sac.

Les véritables projets de l’enseignement Supérieur pour le mérite et l’excellence

- Elaborer une carte scolaire intégrée du secteur Education-Formation-Recherche et de mettre au point un tableau de bord.

- Viser un ratio de 35 élèves par classe dans l’ensemble des établissements sécondaires.

- Ajuster les capacités en infrastructures et en ressources humaines de qualité.

- Mettre en place un fonds d’insertion.

-  Mettre en oeuvre, dans l’espace universitaire et de recherche, un plan de développement des technologies de l’information et de la communication.

- Prendre des mesures incitatives pour garantir un retour de l’Elite gabonaise.

 - Construire trois nouvelles universités pour repartir les 38 ooo étudiants actuels.

- Créer une université des Sciences de l’Education intégrant les écoles de formation de formateurs.

- Généraliser et diversifier les partenariats avec les entreprises et les organisations.

- Terminer les travaux à l’université Omar Bongo où les étudiants ont pour salles de classe des tentes de nomades.

-  Relever le taux d’allocation d’étude…

Ce sont là quelques mesures issues des états généraux de l’éducation, de la recherche et de l’adéquation formation-emploi de mai 2010. A ces mesures l’on ajoute les propositions du rapport d’évaluation sur la gouvernance de l’université Omar Bongo de mars 2010 et les principes fondamentaux régissant l’enseignement supérieur en République gabonaise. Pour finir recommandation est faite d’améliorer XGest, le logiciel de gestion de la vie scolaire du ministère de l’éducation nationale du Gabon. Un logiciel producteur de redoublement.

Que pour une fois… L’Etat gabonais ne soit point sourd aux désiderata de sa population. Une personne sur deux de celle-ci a moins de vingt ans. Fermer les oreilles, envoyer la police liquider la jeunesse, tirer sur les élèves exprime complètement l’inanité des actions gouvernementales actuelles… Sinon pour qui dirige-t-on le Gabon ? A moins qu’on veuille un Gabon sans les Gabonais. Sinon oubliez le projet de décret visant modification de l’attribution des bourses tel que proposer par le ministère de l’enseignement supérieur au mois de mars 2019. Et accordez universellement la bourse d’étude selon les conditions d’octroi en vigueur.

Nous avons besoin de notre jeunesse plus que tout. Sauvons-là. Formons-là. Soutenons-là. Sauvons l’avenir du Gabon. Finançons la réussite de nos élèves.

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